80 000 personnes rassemblées à Tel Aviv pour commémorer les 30 ans de l'assassinat de Yitshak Rabin
"Si Yitshak Rabin était encore Premierm inistre, il ne nous aurait pas abandonnés, nous les otages, pendant deux ans", a déclaré le survivant de captivité Gadi Mozes
Plus de 80 000 personnes se sont rassemblées samedi soir place Rabin à Tel-Aviv pour le 30e anniversaire de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin. Entre hommage et message politique, les orateurs ont mis en garde contre la résurgence des forces d'extrême droite en Israël.
La commémoration a débuté par des images d'archives montrant Yitzhak Rabin annonçant « une chance pour la paix », et s'est achevée par des dizaines de milliers de voix entonnant la « Chanson pour la paix » – celle-là même que le Premier ministre avait chantée quelques instants avant son assassinat le 4 novembre 1995 par un extrêmiste juif de droite.
Brandissant des pancartes proclamant « Rabin avait raison » et appelant à la paix, les manifestants ont écouté plusieurs figures politiques de l'opposition mettre en garde contre la persistance des forces ayant conduit au meurtre.
« Un homme a été assassiné ; il est de notre devoir de veiller à ce que l'idéal reste vivant », a déclaré Yair Lapid, chef de l'opposition et dirigeant du parti centriste Yesh Atid. Il a dénoncé les forces d'extrême droite qui « dénaturent l'essence même du judaïsme » et « transforment une fois de plus le judaïsme en violence, en meurtrier, en haine interne, en quelque chose qui nous divise ».
Visant directement le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, Lapid a martelé : « Yigal Amir n'est pas le judaïsme. Le racisme violent d'Itamar Ben Gvir n'est pas le judaïsme. »
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou, chef de l'opposition à l'époque des faits – et qui a toujours nié avoir encouragé les violences ayant mené au meurtre - était absent. L'ancien Premier ministre Naftali Bennett, considéré comme son principal rival, aurait décliné l'invitation, et le député centriste Benny Gantz n'aurait pas été invité.
Yair Golan, chef des Démocrates issu de la fusion du Parti travailliste de Rabin et du Meretz a établi un lien direct entre l'assassinat et « l'incitation et le nationalisme extrémiste » actuels en Israël. « Ces échos résonnent encore aujourd'hui dans chaque acte de ce gouvernement qui s'oppose à son propre peuple », a-t-il affirmé. « Chaque fois que des patriotes sont traités de traîtres, chaque fois que des manifestants accomplissant leur devoir civique sont battus, chaque fois que les médias sont réduits au silence et que le pouvoir judiciaire est bafoué, ces mêmes cris continuent de résonner. »
Golan a qualifié Rabin d'« homme de vérité et d'intégrité, qui a maintes fois placé le bien du peuple au-dessus des gains politiques et personnels », ajoutant que le défunt Premier ministre « savait que la paix n'est pas une faiblesse, mais une force et une puissance ».
Eisenkot : « Rabin était un véritable garant de la sécurité »
Gadi Eisenkot, ancien chef d'état-major de Tsahal et député centriste ayant récemment fondé son propre parti, a repris ce message d'alarme. « L'assassinat de Rabin était la conséquence directe de la polarisation et de l'incitation à la haine », a-t-il déclaré. « Trente ans plus tard, le même signal d'alarme retentit encore devant nous : un discours clivant fondé sur le mensonge et des intérêts personnels. »
L'un des moments les plus marquants de la soirée est venu de Gadi Mozes, otage retenu plus d'un an à Gaza et cofondateur du kibboutz Nir Oz, ravagé lors de l'attaque du 7 octobre 2023. « Si Yitzhak Rabin était Premier ministre aujourd'hui, personne n'aurait été laissé pour compte », a-t-il lancé dans un discours émouvant. « Il ne nous aurait pas abandonnés, nous les otages, pendant deux ans… Il n'aurait pas fermé l'œil de la nuit tant que nous ne serions pas tous rentrés chez nous. »



