
La mer Morte (arabe : البحر الميت al-Baḥr al-Mayyit ou arabe : بحر لوط Bahr-Lût « mer de Loth », hébreu : יָם הַמֶּלַח, Yām HaMélaḥ, « mer de Sel ») est un lac salé du Proche-Orient partagé entre Israël, la Jordanie et la Palestine. D’une surface approximative de 810 km2, il est alimenté par le Jourdain. Alors que la salinité moyenne de l’eau de mer oscille entre 2 et 4 %, celle de la mer Morte est d’approximativement 27,5 % (soit 275 grammes par litre). Aucun poisson ni aucune algue macroscopique ne peuvent subsister dans de telles conditions, ce qui lui vaut le nom de « mer morte ». Néanmoins des organismes microscopiques (plancton, bactéries halophiles et halobacteria, etc.) s'y développent normalement. De plus, en 2011, des sources d'eau douce ont été découvertes au fond de la mer Morte qui permettent le développement d'autres micro-organismes non-halophiles.
Elle est identifiée au lac Asphaltite de l'Antiquité.
Géographie
L’eau de la mer Morte est une solution de sels dont la concentration diffère grandement de la salinité normale d’un océan. Le chlorure de magnésium et le chlorure de sodium sont les principaux composants de cette solution. Riches en minéraux, les eaux de la mer Morte sont réputées pour soigner le psoriasis (guérissable grâce au sel et minéraux de l'eau et au soleil particulièrement chaud dans cette région) et les rhumatismes.
La masse volumique de l’eau de la mer Morte, de 1 240 kg/m3, est telle qu’un être humain peut y flotter.
La mer Morte est le point le plus bas de la surface du globe avec une altitude de −429 mètres sous le niveau de la mer en 2015 (chiffre fluctuant au cours du temps puisque son niveau baisse continuellement), mais d’autres endroits de la vallée du grand rift pourraient un jour la supplanter. Le niveau de l'eau dans la mer Morte descend de 1,45 mètre par an en moyenne. Ces cinquante dernières années, elle a ainsi perdu le tiers de sa superficie.
Écologie de la mer morte et de ses sédiments
Durant les derniers 200.000 ans la salinité de cette mer a varié (atteignant parfois celle d'aujourd'hui qui a des causes anthropiques). Avec l'hypersalinisation, la vie s'y est raréfiée mais pas éteinte. Malgré une teneur de 275 grammes de sel par litre (contre 20 à 40 gr dans l'Océan mondial) quelques microbes extrêmophiles et très halophiles y survivent (bactéries et archées) ainsi que microchampignons halophiles. Depuis près d'un demi siècle, l'écologie microbienne de la mer morte, et sa biogéochimie fait l'objet d'études. Dans la partie anoxique du sédiment, des archées méthanotrophes consomment le méthane du sédiment.
Phytoplancton ? Lors des treize premières années d'études microbiologiques quantitatives conduites en mer Morte (de 1980 à 1993) les chercheurs ont d'abord observé en 1980 une pullulation d'algue unicellulaire verte Dunaliella parva (atteignant à 8 800 cellules/ml) ainsi que d'archéobactéries rouges (2 × 107 cellules/ml). Cette explosion de vie a fait suite à un épisode de pluies diluviennes qui ont rendu l'eau moins salée en surface. Ce bloom planctonique a disparu fin 1982 quand l'eau douce était évaporée et/ou mélangée à la colonne d'eau. De 1983 à 1991, le lac a été holomictique ; aucune Dunaliella n’a alors été observée, et les bactéries viables étaient rares. Puis l'hiver 1991-1992 de fortes pluies sont créé une nouvelle couche moins salée en surface (5 premiers mètres dilués à 70% de leur salinité antérieure) ; là Dunaliella s'est à nouveau développée (avec un maximum de 3 × 104 cellules/ml observé début de mai, chutant ensuite rapidement, à moins de 40 cellules/ml en fin juillet). Un bloom d'archéobactéries rouges a aussi été observé (3 × 107cellules/ml)) a encore une fois donné une coloration rouge au lac.
Et grâce à la plateforme de forage de l'équipe internationale de chercheurs en Mer Morte, et à son programme de forage profond, le sédiment de la mer morte commence à être mieux connu, et on a montré que des microorganismes du lac vivent aussi dans toute la colonne sédimentaire, bien que le milieu soit hyper-salé, dense, sans lumière et anaérobie.
Des archées du genre Halobacteria avaient déjà été repérées dans les sédiments et en 2019 - sous une épaisseur de 400 m de profondeur de sédiments marins - une équipe de l'Université de Genève a découvert des bactéries. Un indice de présence de bactéries avait été la découverte dans les carottes de sédiments de cires d’esters isopréniques (molécules que les archées ne savent pas produire, mais que des des bactéries peuvent synthétiser à partir de fragments d’archées selon Daniel Ariztegui. On pouvait donc supposer que des bactéries se nourrissent d'archées ou de leur cadavre, la nécrophilie étant plus probable que la prédation, car moins exigeant en termes de consommation énergétique. Comme d'autres extrémophiles, ces bactéries semblent pouvoir fortement réduire leur métabolisme pour ne se diviser que tous les 100.000 ans environ. Si la salinité continue à augmenter, au-delà d'un certain seuil l'adaptation devient a priori impossible, même en présence de carbone nutritif. « Ce seuil "d’inadaptation" est aujourd’hui inconnu ».
Des archées du genre Halobacteria avaient déjà été repérées dans les sédiments et en 2019 - sous une épaisseur de 400 m de profondeur de sédiments marins - une équipe de l'Université de Genève a découvert des bactéries. Un indice de présence de bactéries avait été la découverte dans les carottes de sédiments de cires d’esters isopréniques (molécules que les archées ne savent pas produire, mais que des des bactéries peuvent synthétiser à partir de fragments d’archées selon Daniel Ariztegui. On pouvait donc supposer que des bactéries se nourrissent d'archées ou de leur cadavre, la nécrophilie étant plus probable que la prédation, car moins exigeant en termes de consommation énergétique. Comme d'autres extrémophiles, ces bactéries semblent pouvoir fortement réduire leur métabolisme pour ne se diviser que tous les 100.000 ans environ. Si la salinité continue à augmenter, au-delà d'un certain seuil l'adaptation devient a priori impossible, même en présence de carbone nutritif. « Ce seuil "d’inadaptation" est aujourd’hui inconnu ».
A partir de la fin des années 1980, on découvre trois espèces de microchampignons filamenteux vivant dans la mer Morte, dont un espèces nouvelle d'Ascomycota (la description de champignons vivant dans un milieu aussi salé était une première mondiale).
Des spores et du mycélium d'Aspergillus versicolor et de Chaetomium globosum survivent jusqu'à 8 semaines à la salinité de la mer Morte. Quatre isolats trouvés en mer Morte (isolats de Aspergillus versicolor, Eurotium herbariorum, Gymnascella marismortui et Chaetomium globosum) sont survécu 12 semaines dans de l'eau de la Mer Morte et tous leurs mycéliums survivaient dans de l'eau de la mer Morte diluée à 50% et 10%. Les souches prélevées en mer morte résistent mieux au sel que celles isolées dans des eaux moins salées. Les spores venant d'isolats provenant des rives émergées de la mer Morte étaient généralement moins tolérants au sel que ceux des même espèces trouvée dans la colonne d'eau. Il existe donc en mer morte des champignons halotolérants et/ou halophiles adaptés au sel.
Des spores et du mycélium d'Aspergillus versicolor et de Chaetomium globosum survivent jusqu'à 8 semaines à la salinité de la mer Morte. Quatre isolats trouvés en mer Morte (isolats de Aspergillus versicolor, Eurotium herbariorum, Gymnascella marismortui et Chaetomium globosum) sont survécu 12 semaines dans de l'eau de la Mer Morte et tous leurs mycéliums survivaient dans de l'eau de la mer Morte diluée à 50% et 10%. Les souches prélevées en mer morte résistent mieux au sel que celles isolées dans des eaux moins salées. Les spores venant d'isolats provenant des rives émergées de la mer Morte étaient généralement moins tolérants au sel que ceux des même espèces trouvée dans la colonne d'eau. Il existe donc en mer morte des champignons halotolérants et/ou halophiles adaptés au sel.
Virus ? Puisque des microbes y vivent (et une algue après les fortes pluies), il était permis de penser que des virus y sont présents. En octobre 1994, le microscope électronique a effectivement révélé dans la mer morte « un grand nombre de particules ressemblant à des virus » (on a décompté de 0,9 jusqu'à à 7,3 × 107 par millilitre d'eau de la mer morte lors du déclin d'une prolifération d'archées halophiles). Ces particules pseudo-virales étaient beaucoup plus nombreuses que les bactéries (en moyenne 4,4 fois plus, et parfois jusque près de 10 fois). Plusieurs formes fréquentes chez les virus ont été observées (forme de fuseau le plus souvent, devant des formes de phages polyhédraux et à queue. Des particules minuscules en forme d'étoile, de la taille d'un virus ont aussi été observées, d'origine inconnue, de même que des restes d'algues. Le taux de particules de type virales varie beaucoup selon les époques, laissant penser que comme dans l'océan mondial, les virus jouent ici un rôle majeur dans le contrôle des pullulations d'algues ou de bactéries, dans un environnement où le zooplancton prédateur du phytoplancton est totalement absent.
Histoire
La mer Morte s'est déjà complètement asséchée il y a environ 120 000 ans (une période interglaciaire chaude et sèche qui a suivi la glaciation de Riss, troisième glaciation de l'ère quaternaire). De petits cailloux arrondis tels que ceux présents le long de ses rives, ont été trouvés lors d'un forage à 235 m de profondeur au centre de cette mer. Immédiatement sous ces petits galets, se trouve une couche de sel de 45 mètres d'épaisseur. L'association galets ronds et couche de sel permet de conclure à cet assèchement total, et de rendre plus probable un prochain assèchement de la mer Morte dont le niveau baisse de 70 cm par an depuis que le Jourdain est largement détourné pour l'irrigation.
La baisse de la pluviométrie, amorcée il y a 40 000 ans environ, a entraîné, en raison d’une très forte évaporation, une régression du lac et une augmentation constante de sa salinité.
La carte de Madaba qui date du vie siècle montre une mer Morte sans langue de terre, sur laquelle voguent deux bateaux, tous détails qui pourraient montrer des conditions moins difficiles.
Comme la mer d'Aral et le lac Tchad, la mer Morte a perdu, ces cinquante dernières années, le tiers de sa superficie. Le dessèchement est tel qu’une large bande de terre craquelée la scinde désormais en deux bassins distincts. La cause essentielle en est l’assèchement du Jourdain, l'une de ses sources d’eau douce avec les bassins versant du désert de Judée et de son vis-à-vis Jordanien. Une autre cause majeure est l’évaporation de volumes importants d’eau par les usines de production de sel de la mer Morte. Elles seraient responsables de l’évaporation de 300 millions de mètres cubes d’eau par an.
La réduction de la superficie de la mer Morte se poursuit jour après jour, et crée à terme un risque écologique, économique et géostratégique dans la région.
Projets de réhabilitation
Une des solutions envisagées à l'assèchement de la mer Morte consisterait à construire un pipe-line ou creuser le canal de la mer Morte (surnommé « Canal de la paix » ou dit RSDSC pour Red Sea–Dead Sea Canal), un canal depuis la mer Rouge, sur une longueur de 180 kilomètres.
La différence de niveau permettrait un usage hydroélectrique, potentiellement associé à une centrale de dessalement.
Fin 2006, la Banque mondiale et l'Agence Française de développement se sont associées pour assister Israël, la Jordanie et les Territoires Autonomes Palestiniens dans la réalisation d'une étude de faisabilité d’un transfert de la Mer Rouge vers la Mer Morte.
Cette solution avait déjà été envisagée en 1902 par Theodor Herzl, mais à partir de la mer Méditerranée, plus proche quoique séparée par des dénivelés plus importants. Il avait été prévu plusieurs projets dont l’un consistait en un canal souterrain. Les premiers mètres furent inaugurés par Menahem Begin, mais le creusement fut suspendu puis l’idée abandonnée en 1985.
À la suite des Accords d'Oslo en 1993, le projet est remis au goût du jour en impliquant l’Autorité palestinienne et la Jordanie. Le principe proposé est de pomper l’eau de la mer Rouge jusque dans les montagnes proches du golfe d'Aqaba(soit 600 mètres au-dessus du niveau de la mer Morte), puis, un canal de 184 kilomètres serait creusé en territoire jordanien, dont 134 kilomètres couverts, pour amener l’eau. Plusieurs organisations environnementales émettent de sérieux doutes quant à cette solution, craignant même des impacts négatifs sur l’écosystème.
Le 9 décembre 2013, un accord est signé entre Israël, la Jordanie et l'Autorité palestinienne pour « sauver » la mer Morte. Il s'agit de construire une canalisation depuis la mer Rouge ainsi qu'une usine de dessalement afin de perfuser l'étendue d'eau en partie asséchée. D'un coût compris entre 250 et 400 millions de dollars, le canal pourra commencer à être creusé lorsque les pays signataires auront sollicité des donateurs et la Banque mondiale.