Mazal Mualem : "L'Iran était le Saint Graal de Netanyahou depuis 30 ans"
« S'il réussit à terminer la normalisation avec l'Arabie saoudite, il aura rempli tout ce qu'il souhaitait faire"
La journaliste israélienne Mazal Mualem, biographe de Netanyahou et auteure de « Nom de code Netanyahou », analyse sur i24NEWS l'accomplissement d'une quête qui a défini la carrière du Premier ministre. Selon elle, la neutralisation du programme nucléaire iranien représente l'aboutissement d'une obsession familiale transmise sur trois générations.
Une mission héritée du passé familial
Pour comprendre cette fixation iranienne, Mualem remonte aux origines familiales : « Dans la famille Netanyahou, on a toujours parlé du fait que le peuple juif est très souvent dans de grandes détresses parce qu'il n'était pas conscient des dangers. » Cette vision trouve ses racines chez le grand-père, membre de la révolution sioniste qui « avait prévu la Shoah », et chez le père historien qui a transmis cette conscience du péril existentiel.
La biographe révèle que durant les derniers jours du conflit, Netanyahou « citait son père en donnant plusieurs interviews » et diffusait « un film de son père pour son centième anniversaire où le père parle du danger iranien ». Pour Mualem, « c'est quelque part un cercle qui se referme ».
Renaissance politique après le 7 octobre
Paradoxalement, l'attaque du Hamas a relancé une carrière que beaucoup considéraient finie. « Après le 7 octobre, je ne pensais pas qu'il pourrait survivre », confie Mualem. Pour quelqu'un qui « se présentait comme Monsieur Sécurité », un tel échec semblait fatal. Pourtant, « nous le voyons maintenant, sa carrière est en train de reprendre parce qu'il arrive à un summum ». La journaliste souligne que même au sein du Likoud, « tout le monde pensait qu'il était fini, personne ne pensait qu'il survivrait ». Mais Netanyahou « a obtenu ce dont il a parlé pendant 30 ans, l'Iran. Et c'est un peu comme le Saint Graal ».
Transformation radicale du leadership
Mualem identifie un changement fondamental dans le style de gouvernance post-7 octobre. « Jusqu'au 7 octobre, Netanyahou ne fait rien que le système de sécurité et ses dirigeants lui disent être dangereux. » Cette prudence explique pourquoi les projets d'attaque iranienne de 2009, 2010 et 2011 n'ont jamais abouti.
Désormais, « il devient indépendant » car « il pense qu'il a été mal conseillé par eux. C'est eux qui l'ont amené à ses yeux au 7 octobre. » Cette nouvelle autonomie se traduit par des visites régulières sur le terrain : « Deux, trois fois par semaine, il prenait un hélicoptère pour aller voir les unités de l'armée et entendre directement les gens sur le terrain sans faire confiance au chef du Shabak, au chef d'État-major. »
L'identité juive comme force politique
Sur l'évolution spirituelle apparente de Netanyahou, Mualem apporte des nuances importantes. Bien que petit-fils de rabbin, « le père de Netanyahou était athée et n'aimait pas du tout les orthodoxes ». Mais depuis 2011 et son alliance avec les ultra-orthodoxes, « il s'est rapproché davantage d'eux".
Cette évolution correspond à une transformation sociétale plus large : « Le public juif en Israël a renforcé son identité juive depuis le 7 octobre, et Netanyahou le sait. » La biographe observe que « parmi son électorat du Likoud, l'identité juive est importante à leurs yeux ».
L'avenir incertain d'un virtuose politique
Regardant vers l'avenir, Mualem évoque la possible normalisation avec l'Arabie saoudite, « prête » avant le 7 octobre et désormais « très rapide, ça va être très bientôt parce que Trump le veut, les Saoudiens le veulent, Netanyahou le veut ». La journaliste conclut sur l'avenir : « S'il réussit à terminer la normalisation [avec l'Arabie saoudite], il aura rempli tout ce qu'il souhaitait faire."