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Reportage - Israël : forte hausse de la prise d'antidépresseurs et d'anxiolytiques



Depuis 2019, la consommation d'antidépresseurs et d'anxiolytiques a augmenté de 43% chez les 15-24 ans


Un Israélien sur 3 (principalement des femmes) fait une crise d’angoisse régulièrement. Un chiffre qui serait même bien supérieur, selon certains professionnels de santé. Situation géopolitique tendue, inquiétude quant à l’avenir politique et économique, et stress post-covid qui s’ajoutent aux soucis du quotidien, ont entraîné une hausse significative des prescriptions d'antidépresseurs et d’anxiolytiques en Israël ces dernières années. L’après-pandémie a eu notamment des conséquences dramatiques sur la santé mentale, qui sont encore sous-estimées aujourd’hui. Enquête.


En 2022, environ 7,5 % de la population en Israël (plus de 673 741 personnes) étaient sous antidépresseurs et anxiolytiques. À titre de comparaison, en 2016, seulement 5% prenaient ces médicaments, soit une augmentation de 50% sur six ans. "Cela est révélateur de problèmes personnels certainement liés à une multitude de facteurs dont le questionnement sur la vie en Israël pour les nouveaux immigrants, même ceux qui habitent ici depuis longtemps et pour tous, de problèmes économiques et de l'instabilité politique", explique Edgar Cohen, médecin généraliste à Tel-Aviv.


Elinor, 31 ans, franco-israélienne, habitante de Tel-Aviv depuis 6 ans, sous antidépresseurs depuis plus de 8 mois, affirme que le traitement lui a littéralement changé la vie. "Les défis de cette nouvelle vie en Israël se sont superposés à des problèmes familiaux que j’endure depuis des années. Je n’arrivais plus à gérer mon anxiété, mon travail était devenu une source de stress et j’ai fait un burn-out. Après avoir refusé les antidépresseurs pendant deux ans par peur, je peux dire aujourd’hui qu’ils m’ont sauvée, j’ai pu retrouver une vie normale, sortir et reprendre le travail", confie-t-elle à i24NEWS.


L’effet dévastateur de la pandémie

En Israël, 50% des personnes qui arrivent aux urgences en pensant qu'elles font une crise cardiaque souffrent en réalité de crise d'angoisse. L’an dernier, 300 à 400 millions de personnes ont fait une crise d'angoisse dans le monde. Des chiffres alarmants qui n’ont cessé de croître depuis la pandémie de coronavirus.


"On observe des crises de panique post-covid. La période d’enfermement a été révélatrice de troubles psychologiques plus profonds, socio familiaux, conjugaux qui se mettent au jour maintenant. Il y a aussi des personnes qui racontent des souffrances réelles physiques à travers des rêves, comme ce que l’on voit dans "les syndromes des membres fantômes". L’enfermement imposé pendant les confinements et la fermeture de l’aéroport, surtout en Israël, où c’est le seul moyen de sortir du pays, a créé une prison à ciel ouvert et de ce fait, une oppression supplémentaire", déclare le docteur Cohen.


Tal, 28 ans, habitante de Holon a subi sa première crise d’angoisse il y a 6 mois alors qu’elle était dans le bus pour se rendre au travail. "Soudain, j’ai eu le sentiment d’étouffer, ma vision s’est troublée et je voulais sortir, j’avais besoin d’air. Je n’ai pas du tout compris ce qui m'arrivait alors que tout allait très bien dans ma vie et que je ne suis pas particulièrement claustrophobe. Je suis descendue quelques arrêts plus loin et j’ai appelé un taxi pour qu’il m’emmène aux urgences, car j’ai cru que j’avais sûrement une maladie. Sur place, ils m’ont dit que j’avais tout simplement fait une crise d’angoisse et que mes maux étaient d’origine psychologique", raconte-t-elle. Après avoir entamé une thérapie avec un psychologue, Tal a compris qu’elle avait gardé au fond d’elle son angoisse liée à la période du confinement et que tout avait surgi quelques années plus tard, sans prévenir.


Un phénomène très courant qu’explique le docteur Cohen : "Au début du confinement, tout le monde semblait tranquillement accepter et comprendre et puis de manière brutale se sont révélées toutes les souffrances enfouies, les difficultés de vivre avec son conjoint, sa famille dans un espace clos ainsi que les difficultés économiques très anxiogènes. Des pères de familles voyant leur situation se dégrader se sont retrouvés dans des gouffres d’angoisse à l'idée de ne pas pouvoir nourrir ou loger leur famille et annonçaient clairement l’envie d’en finir !", déclare-t-il.


Une consommation qui grimpe en flèche

Le nombre de personnes sous antidépresseurs et médicaments contre l'anxiété a en effet bondi de 23% par rapport à 2019, avant la pandémie, jusqu'en 2022. Les données montrent qu'en 2019, il y avait 287 511 personnes sous antidépresseurs et anxiolytiques recensées par la caisse de santé Clalit, contre 322 136 patients en 2022, dont 62% étaient des femmes.


Selon le docteur Edgar Cohen, les personnes les plus consommatrices sont les 25/45 ans et les plus de 65 ans. En outre, d’après les chiffres révélés par les caisses de santé, au cours des années 2019-2022, il y a eu une augmentation de 43 % de la consommation de médicaments contre la dépression et l'anxiété chez les 15-24 ans et de 53 % chez les 4-15 ans. 


"La prescription d'antidépresseurs et d’anxiolytiques est strictement encadrée par la loi. Avant 12 ans, il faut des dérogations pour les prescrire et entre 12 et 16 ans ils sont recommandés avec beaucoup de parcimonie car ça peut augmenter l’impulsivité des jeunes. Ils sont essentiellement prescrits pour tous les troubles anxieux, la dépression, les phobies et pour les syndromes de stress post-traumatiques. Avec la guerre et les sirènes d’alerte, on a beaucoup plus de personnes atteintes de stress, en particulier dans l’armée que dans le reste de la société occidentale", a expliqué le psychiatre Michaël Larrar, soulignant toutefois que les Israéliens ne sont pas forcément plus anxieux qu’ailleurs. "Il faut rappeler que la France a longtemps détenu le record du monde de la prescription d’anxiolytique par habitant".


Reconnaître et différencier crise d’angoisse, anxiété et dépression


Lorsque les troubles psychologiques apparaissent, il est parfois difficile de distinguer crise d’angoisse, anxiété et dépression qui peuvent en réalité se manifester ensemble chez une même personne et présenter des symptômes similaires. 


"La crise d'angoisse est un épisode intense de peur ou de malaise qui se produit généralement de manière soudaine et atteint son pic en quelques minutes. Elle est souvent temporaire et sporadique et survient en règle générale suite à un événement, une situation ou une pensée qui la déclenche. L'anxiété est quant à elle un état d'inquiétude persistante et excessive qui peut interférer avec la vie quotidienne. C’est un état souvent ressenti en continu ou pendant des périodes plus ou moins longues. Elle se caractérise par des préoccupations constantes difficilement contrôlables, une tension, une agitation et de l’appréhension. Enfin, la dépression est un trouble de l'humeur qui est caractérisé par une tristesse persistante, une perte d'intérêt pour les activités habituelles et une diminution de l'énergie. Les personnes dépressives éprouvent souvent une sensation de vide émotionnel, de fatigue, de problèmes de concentration, de perte d'appétit, de troubles du sommeil et ont une estime de soi diminuée", affirme Carinne Leibovici, psychologue à Tel-Aviv.


Comment y faire face au quotidien?

"Il est d’abord recommandé de consulter un professionnel de la santé mentale afin d’obtenir un diagnostic exact. Comprendre, au travers d'une psychothérapie, ce qui génère cette anxiété, reconnaître ce qui entraîne la crise d’angoisse ou ce qui amène à la dépression, permet de mieux l’appréhender et la soigner. Pratiquer des techniques de relaxation, qu’elles soient par la respiration ou musculaire, favorise la diminution des symptômes. L’activité physique régulière est reconnue comme étant le meilleur antidépresseur naturel. Par ailleurs, s’accorder des moments de plaisir et de détente dans la vie quotidienne vont avoir un effet positif sur l’état mental de la personne", souligne Carinne Leibovici.


Sortir de la spirale des médicaments

Aucun remède miracle n’a pour l’heure réussi à stopper la hausse de la prise d'antidépresseurs et d’anxiolytiques. Au contraire, le manque de psychologues et la cherté de la vie en Israël, favorisent la consommation de ces médicaments qui sont bien souvent le seul recours abordable pour les patients, lorsque l’alternative de la thérapie coûte trop cher. "Il y a des psys en privé, mais l'appauvrissement de la population en Israël fait que l'accès aux soins est devenu extrêmement compliqué et le secteur public est extrêmement carencé", déplore le docteur Larrar; ajoutant qu’une des solutions serait de subventionner le secteur.


Selon le docteur Cohen, "les solutions prendront du temps à être effectives. Elles ne dépendent pas seulement du corps médical, elles doivent venir d’une prise de conscience des politiques pour lutter contre les problèmes socio-économiques et réduire les inégalités."


Plus d’un million d’Israéliens nécessiteraient un suivi psychologique régulier post-pandémie, selon les données des autorités sanitaires. L’association Eran, fondée en 1971, fournit notamment un soutien moral gratuit 24h/24, via les appels et internet.

Caroline Haïat est journaliste pour le site français d'i24NEWS

 Source : i24NEWS.


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