Israël : Un baby-boom inattendu au cœur de la guerre
"Ça faisait trois ans qu'on était mariés. On repoussait chaque année en se disant 'encore un an de plaisir, de voyage'", explique sa mère. "Quand il y a eu la guerre, on s'est dit qu'il ne fallait plus repousser. Il faut apporter de la lumière, de la joie."
Cette philosophie résonne chez de nombreux Israéliens : "Il y a eu tellement de morts qu'il y avait besoin de vie. Et de remplacer, de combler ce trou de tous ceux qui sont partis par une présence."
Des chiffres éloquents
Les statistiques confirment cette tendance remarquable. Le nombre de naissances est passé de 172 500 en 2023 à 181 000 en 2024, et la hausse se poursuit en 2025.
"Au départ, on pensait que c'était une augmentation due aux déplacements du nord et du sud du pays", explique un médecin. "Mais même maintenant que les hôpitaux sont revenus à la normale, on voit une augmentation à laquelle on ne s'attendait pas."
Les "bébés du retour"
Le phénomène touche particulièrement les familles de réservistes. "Entre juin et septembre, j'ai au moins huit amies qui étaient enceintes en même temps que moi", témoigne une jeune mère. Ces enfants portent des surnoms particuliers : les "bébés du premier retour", nés après les premières rotations de réserve, puis les "bébés du deuxième retour, du troisième". "Dans l'unité de notre amie, ils ont mis enceinte leur femme. Il y a eu beaucoup de bébés nés de cette vague."
Défis et solitude
Cette joie s'accompagne de défis considérables. Tatiana, mère d'Avi, a vécu seule les premiers mois avec son fils quand son mari Nitai a été rappelé : "Je ne m'étais pas préparée à élever mon bébé seule en Israël, sans aide de ma famille. Déjà qu'avoir un bébé en temps normal génère des angoisses, mais avec un mari au front, ce sont des angoisses existentielles."
Les hôpitaux témoignent de "scènes de pères qui sortent au dernier moment de réserve pour l'accouchement, qui le ratent parfois, ou de mamans seules".
Un phénomène sociétal
À l'hôpital de Tel-Aviv, l'augmentation concerne "toutes les tranches de la société. Pas juste chez les religieux, pas juste chez ceux qui font l'armée, dans toutes les tranches."
L'établissement a dû ouvrir un troisième département pour faire face à l'afflux, accueillant à la fois les déplacés et cette hausse des naissances.
L'avenir en question
Chez les Kimron, l'avenir est déjà en discussion : "On est d'accord qu'il y aura un suivant, mais on ne sait pas quand."
Ce baby-boom illustre une réaction positive face à l'adversité : malgré la lourdeur de cette guerre, la société israélienne choisit de répondre par la vie.
Source : i24NEWS