"Devenir un vrai Israélien" : le challenge des jeunes immigrés de l'ex URSS
"Vous ne connaissez pas la langue, tout est nouveau et étrange, y compris la culture, les vacances, nous devions les aider à traverser cette épreuve"
"Je n'arrive toujours pas à m'habituer au fait que le pain soit si cher", souffle un homme près d'une glacière. "Il suffit de savoir où l'acheter. Je vais vous donner une liste de magasins plus abordables", le rassure un autre.
Une minute plus tôt, ces deux hommes écoutaient un psychologue leur expliquer pourquoi l'anxiété, voire la colère, étaient des sentiments normaux du processus d'immigration. Et il y a une heure encore, ces hommes ne se connaissaient pas, ils n'avaient rien en commun. A part une chose : leur origine. Tous deux viennent de pays de l'ex-Union soviétique. Une association, "Shishi Shabbat Yisraeli", les a réunis en Israël, dans un magnifique kibboutz situé à proximité du point le plus bas de la planète, la mer Morte.
Grâce à son réseau national de bénévoles, cette initiative éducative, fondée il y a 13 ans, a aidé près de 18 000 personnes à surmonter les obstacles qui les empêchent de commencer une nouvelle vie dans l'État juif, grâce à une variété d'événements, des randonnées, des ateliers et, surtout, des séminaires de shabbat sur différents sujets qui ont lieu partout en Israël.
Linda Pardes Friedburg a fondé l'association. Américano-israélienne, elle a d'abord appris le russe dans le New Jersey, pendant la guerre froide. Installée en Israël en 1990, elle a rencontré et épousé un juif russe. Depuis, elle consacre son temps et son énergie à aider les immigrants russophones âgés d'une vingtaine ou d'une trentaine d'années à se construire une nouvelle vie: "Notre objectif est de faire en sorte que chaque oleh (immigrant) russophone se sente bienvenu, utile et plein d'espoir en Israël", explique-t-elle à i24NEWS.
Pour elle, l'année écoulée s'est révélée décisive pour l'organisation : "Tout d'un coup, l'immigration s'est décuplée, et nous savions que nos jeunes étaient les mieux équipés pour aider à relever cet énorme défi qu'est l'aliah des Juifs russophones, d'abord d'Ukraine, et maintenant principalement de Russie et d'autres pays russophones", reprend Linda, qui précise que ses bénévoles ont aidé "des centaines, voire des milliers de jeunes" depuis le début de la guerre. "Vous ne connaissez pas la langue, tout est nouveau et étrange, y compris la culture, les vacances, nous devions les aider à traverser cette épreuve".
La plupart des bénévoles, eux-mêmes des immigrés qui se sont installés en Israël il y a quelques années, savent par expérience comment trouver un appartement, où apprendre l'hébreu, comment prendre un rendez-vous médical ou utiliser une application bancaire.
"Nous nous sommes rendu compte que les jeunes familles ne recevaient pas ce dont elles avaient besoin parce que la culture parentale en Israël est très différente de celle de l'ex-Union soviétique. Nous avons donc réalisé que la prochaine étape serait d'ajouter des séminaires familiaux avec les enfants pour apprendre l'art d'être parent ici, et comprendre la culture israélienne familiale", a expliqué Linda.
Avant les fêtes de fin d'année, Shishi Shabbat Yisraeli a organisé un voyage au kibboutz Almog, près de la mer Morte, pour 28 familles. Elles venaient de tout Israël, avec des enfants âgés de 3 mois à 13 ans.
Pendant le week-end, elles ont participé à des séances avec des psychologues et à des ateliers avec des bénévoles, tandis que les enfants apprenaient à faire de la challah, à chanter des chansons hébraïques, et à découvrir les traditions juives. Pour certains, comme Natasha et son mari qui ont immigré de Biélorussie avec deux enfants il y a un an et demi, c'était la première expérience de ce genre.
Natasha raconte à i24NEWS que, lorsqu'ils ont déménagé en Israël, leur fille cadette Masha n'avait que sept mois. L'une de ses plus grandes inquiétudes est désormais l'entrée à l'école maternelle: "J'ai été stupéfaite le premier jour, lorsque nous avons amené Masha ici et qu'elle a joué toute la journée sans même nous chercher", confie-t-elle.
Gosha, de Russie, et Tanya, d'Ukraine, se sont rencontrés lors de l'un des premiers séminaires de Shishi Shabbat Yisraeli et sont devenus amis. Ils se sont mariés il y a deux ans, et participaient cette fois pour la première fois au séminaire familial avec leur petit garçon: "L'atmosphère m'a manqué, même si elle est différente au séminaire familial, parce que les gens sont plus âgés et qu'il y a des enfants", explique Gosha qui rencontre encore souvent d'autres membres de Shishi Shabbat Yisraeli.
Source : i24NEWS.