IA et nouvelles technologies: les plus grands dangers pour la sécurité mondiale, selon le chef du Shin Bet
IA et nouvelles technologies: les plus grands dangers pour la sécurité mondiale, selon le chef du Shin Bet
"Toute personne en colère ayant accès à Internet peut devenir une menace en un instant"
L’intelligence artificielle et les nouvelles technologies peuvent être le plus grand atout pour les sociétés, mais aussi leur plus grand danger. Dans ce contexte, il appartient aux gouvernements de faire preuve de responsabilité, mais aussi d'esprit d'initiative pour avoir toujours un coup d'avance sur les individus qui menacent la sécurité des États. C'est en substance ce qu'a déclaré le chef du Shin Bet mardi, alors qu'il s'exprimait à la Cyber Week de Tel-Aviv.
Détaillant les nouveaux défis sécuritaires auxquels est exposé Israël, Ronen Bar a indiqué que les outils de l'IA s'étaient intégrés "naturellement" au dispositif de lutte antiterroriste du Shin Bet, et qu’ils avaient déjà permis d’identifier "un nombre important de menaces". "La machine et sa capacité à détecter les anomalies créent un mur de protection efficace contre nos ennemis, aux côtés des capacités traditionnelles du Shin Bet", a-t-il dit.
Selon lui, les organismes de sécurité traditionnels n’ont d’autre choix que de s’adapter à la nouvelle réalité imposée par la place grandissante de l’IA et des nouvelles technologies, qui sont de plus en plus utilisées par les terroristes. "Toute personne en colère ayant accès à Internet peut devenir une menace en un instant", a-t-il assuré. Le dirigeant sécuritaire a ainsi indiqué qu’il avait lui-même voulu tester les capacités de ChatGPT à fournir des informations afin de fabriquer une bombe. "Il a suffi de poser les bonnes questions au chatbot (d’avoir un prompt efficace, ndlr) pour qu’il me dise en deux minutes comment m’y prendre", a-t-il relaté.
Pour assurer "que l'IA mène à l'évolution et non à la révolution", Ronen Bar a plaidé pour une coopération accrue entre les agences de sécurité et les géants de la technologie. "L'information est aujourd’hui le plus grand pouvoir. Celui-ci a migré des bibliothèques, des universités et des autorités religieuses vers le web, et les réseaux sociaux sont devenus son ministre des Affaires étrangères", a-t-il affirmé, notant que l’incitation à la haine sur les réseaux sociaux "avait failli mener à une guerre civile en mai 2021", amorcée dans les villes mixtes d’Israël.
L'Iran, a-t-il noté, est aussi très actif dans la cyberguerre contre Israël : "L'Iran est également présent dans nos frontières numériques. Il essaie de voler des bases de données pour nuire aux Juifs et aux Israéliens à l'étranger, désactive les serveurs dans les universités, fait s'effondrer des entreprises commerciales et a même récemment tenté de nuire à un grand hôpital, franchissant toutes les limites de la moralité et des valeurs."
Face à ces menaces, Ronen Bar a détaillé le "Dôme de fer" mis en place par Israël dans le cyberespace. "Nous pensons que le cyber doit être protégé de manière infrastructurelle et en trois couches : d’abord une couche locale via une machine qui localisera, enquêtera et limitera les anomalies arrivant en Israël et qui reposera sur des capacités avancées d'IA. Ensuite une couche internationale, sous la forme d'un ensemble d'alliances d'États partageant les mêmes idées - une sorte de cyber Interpol. Cette couche consistera en un partage en temps réel des informations sur les attaques, les enquêtes sur celles-ci et les contre-mesures prises par les gouvernements. Nous coopérons déjà avec un certain nombre de pays importants dans le domaine et voyons le cyber dôme de fer mondial commencer à prendre forme. Enfin une troisième couche B2G, dans laquelle les entreprises commerciales partageront leurs métadonnées avec le cyber dôme et recevront en retour une remise sur leur police d'assurance contre les rançons."
Afin d’illustrer son propos sur les dangers grandissants liés aux nouvelles technologies, le chef du Shin Bet a cité l’exemple du groupe terroriste palestinien de la "Fosse aux lions" : "Il s’agit d’un exemple de nouveau terrorisme issu de la génération Z. Cette organisation n'est pas née dans une mosquée, mais via Internet. Elle est née en ligne, recrute en ligne et reçoit son soutien du public sous forme de likes." Ronen Bar n’a pas manqué de pointer la responsabilité de l’Iran, derrière le groupe terroriste basé à Naplouse. "L’Iran incite ces jeunes, leur transfère des fonds et leur fournit des connaissances et des armes. C’est aussi simple que cela", a-t-il assuré.
Source : i24NEWS.