Adieu, crevettes et porc : Israël devient vraiment plus casher
Le quotidien israélien Haaretz constate que “l’indice du bacon” est particulièrement défavorable pour les amateurs de nourriture non casher dans le pays
Derrière la boutade, c’est à un sujet clivant et identitaire que le quotidien libéral israélien de référence a choisi de consacrer un long article cette semaine. Dans son “indice de la cacherout”, le quotidien de gauche Haaretz a cherché à savoir si, dans un contexte politique et identitaire particulièrement tendu ces derniers mois, l’ouverture et la tolérance du pays envers la nourriture non casher était à la hausse ou plutôt à la baisse.
Même les chefs “non casher” ouvrent des restaurants casher
De prime abord, le quotidien part du constat que les livres de cuisine non casher ne seraient plus publiés en Israël et que les blogueurs ne proposent que très peu de recettes inspirantes incluant des crevettes par exemple. La tendance au respect, en tout cas tacite, des règles religieuses de la cacherout serait ainsi à la hausse dans tout le pays.
Même la capitale du libéralisme séculier Tel Aviv n’est pas épargnée. Selon Haaretz, même s’il est toujours facile de trouver des crevettes dans les restaurants de Tel Aviv et d’acheter du porc dans n’importe quelle succursale de supermarché Tiv Taam, la consommation de viandes interdites par les normes religieuses semble néanmoins clairement à la baisse. Les raisons évoquées par le journal ? Une tendance sociétale de fond et un basculement de la société israélienne vers une religiosité identitaire de plus en plus exacerbée, qui dérive vers des directives d’Etat plus strictes et une place de plus en plus grande accordée à la religion. Le journal prend pour exemple la dernière loi en date sur le “hametz” (pain levé) dans les hôpitaux pour Pessah.
La consommation de viande de porc serait carrément devenue taboue selon le journal, même s’il convient de souligner que sa consommation a toujours été un sujet plutôt controversé parmi les Juifs, en Israël et ailleurs. Autre signe des temps révélateur, la “conversion” de certains chefs étoilés israéliens “non cashers” qui ont commencé à ouvrir des restaurants estampillés casher dans des quartiers ultra-orthodoxes comme Bnei Brak (banlieue de Tel Aviv).
"Nous sommes définitivement sur une tendance cacheroute", déclare à Haaretz le chef Israel Aharoni. "Les premiers livres que j'ai publiés sont sortis à la fois sous forme casher et non casher, mais il n'y a plus rien de tel désormais. Il n'y a pas de livres de cuisine non casher en Israël aujourd'hui – ils ne se vendraient pas”.
Source : i24NEWS.