Accéder au contenu principal

Libellés

Plus d'éléments

Israël : les vêtements "seconde main", l’avenir de la mode?

 



Israël : les vêtements "seconde main", l’avenir de la mode?


Ce phénomène en plein essor attire de plus en plus les Israéliens friands d'originalité

Lorsque vous passez la porte d’Aderet rue Bograshov à Tel-Aviv, vous basculez dans l’univers de la mode "seconde main", un petit paradis pour les adeptes du style: vêtements d’occasion, sacs, bijoux, lunettes de soleil ou encore vêtements de sport et de soirée, tout a été recyclé mais semble comme neuf. Tel-Aviv compte une trentaine de boutiques du genre, situées essentiellement dans le sud de la ville. Une tendance dans l’air du temps, qui se développe à une vitesse folle et touche un public de plus en plus large. Préoccupation vis-à-vis de l’environnement, souci d'économie ou simple envie de dénicher des articles originaux, nombreuses sont les raisons qui poussent les Israéliens à se tourner vers ce phénomène en plein essor. Reportage.

Une volonté de se démarquer

Après avoir travaillé dans une grande chaîne de vêtements en Israël puis aux Etats-Unis, Ophira Oberweger ouvre sa première boutique de seconde main à Tel-Aviv en 2004: c’est la naissance d’Aderet. Une petite révolution dans ce secteur, que peu d’Israéliens connaissent alors.

"La mode est quelque chose qui coule dans mes veines depuis que je suis toute petite" raconte Ophira."J’ai toujours aimé la mode, et particulièrement les vêtements de seconde main. Je voulais être différente, c’était difficile pour moi de m’habiller comme tout le monde, et l’habit est un moyen d’expression de soi. Dans les années 80-90 en Israël, le seconde main, c’était quelque chose qui n’était ni répandu ni bien vu, surtout là où je vivais à Krayot près de Haïfa. Les gens ne comprenaient pas mon choix. Et puis les bas prix qui sont proposés m’attiraient, le seconde main c’était vraiment peu cher par rapport au neuf et donc très pratique pour une jeune fille qui n’avait pas encore beaucoup d’argent."

Chaque année, 20 millions de tonnes d'articles de mode sont jetés dans le monde et 30% des vêtements qu’Ophira reçoit n’ont jamais été portés et arrivent même avec l’étiquette. L'industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde après l'industrie pétrolière. À titre de comparaison - pour produire des vêtements synthétiques chaque année - l'industrie textile utilise un matériau équivalent à 3 000 milliards de bouteilles en plastique. Plus de la moitié des vêtements que nous portons sont en polyester, un type de plastique dérivé du pétrole. 260 litres d'eau sont nécessaires pour produire une chemise en coton et les cultures de coton nécessitent plus de pesticides que toute autre culture dans le monde. 

"Avec les années, les notions d’écologie et de durabilité sont rentrées en jeu, c’est quelque chose auquel j'ai toujours fait attention sans même en avoir conscience le fait de recycler, puis je l’ai appliqué également à la mode", a déclaré Ophira.

Des articles originaux de qualité

Il y a trois ans, Ophira a ouvert une seconde boutique adjacente à Aderet, Argaman, un magasin d'occasion avec des articles de grands designers et des marques haut de gamme telles que Gucci, Isabel Marant, YSL ou encore Chanel. Les vêtements sont là-aussi minutieusement sélectionnés selon divers critères. Outre la qualité et l’état de l’article, Ophira choisit des produits dont elle est sûre qu’ils seront vendus très rapidement et ne prend pas de marques israéliennes telles Castro, Renuar ou encore les basiques de chez H&M, Zara et Aliexpress, que les gens retrouvent partout, afin de préserver le caractère authentique et éclectique de son enseigne. 

En effet, la plupart des Israéliens qui se tournent vers le seconde main sont en quête d’une garde-robe à petit prix, dont ils ont la certitude qu’elle ne sera copiée nulle part. Un défi pour lequel Ophira travaille d’arrache-pied au quotidien, faisant de sa boutique une véritable caverne d’ali-baba des fashionistas.

"Pour remplir mes rayons, je choisis les vêtements par rapport à la saison et aux goûts de ma clientèle. Avec l’expérience, je sais ce qui va faire fureur, quelle tendance ils viennent spécifiquement rechercher ici. Je vends mes habits deux à trois fois moins chers que s’ils étaient neufs donc c’est très intéressant. La moitié de mes clients environ ont envie de sortir du lot, et dénichent dans mes boutiques des perles rares qu’elles ne trouveront jamais ailleurs : j’ai des pièces très anciennes comme très neuves, de la dernière mode, des accessoires, des habits élégants, pour les jeunes, mais aussi du vintage, tout le monde peut y trouver son bonheur !", explique Ophira.

Une évolution de la clientèle au fil des ans

Il y a 18 ans, seuls les jeunes d’une vingtaine d’années de Tel-Aviv, très branchés, se pressaient dans la boutique d’Ophira; puis au fil des ans, sa clientèle s’est élargie et diversifiée, par vague. Dans les années 2000, les personnes qui suivaient la mode et avaient observé ce concept à l’étranger ont souhaité retrouver cela en Israël, faisant ainsi tourner les boutiques de seconde main. Les jeunes hipsterim notamment se sont intéressés au seconde main, et depuis une dizaine d’années, de très jeunes ados viennent avec leurs parents car ils ont découvert cette mode sur les réseaux sociaux.

"Avec le corona la tendance a explosé, car les gens étaient à la maison et ont compris qu’il y avait des alternatives, ils avaient le temps de faire du rangement et de vendre leurs habits, nous avons d’ailleurs reçu un volume important d’affaires pendant cette période. On voit désormais des personnes qui ne seraient jamais venues auparavant, comme des dames d’un certain âge, qui n’achetaient que dans les centres commerciaux et qui comprennent tout à coup que c’est un nouvel univers de style qui s’ouvre à elles", raconte Ophira.

Yanita, habitante de Tel-Aviv, a justement pris conscience du côté attractif du seconde main pendant la pandémie de coronavirus. "A cette époque je vivais dans un moshav dans le sud et le vendredi il y avait un petit marché seconde main avec des gens qui vendaient leurs vêtements un shekel pièce. C’est à ce moment-là que je suis tombée amoureuse de cette idée. Peu à peu, je me suis penchée sur le phénomène et j’ai découvert des boutiques à Dizengoff mais aussi l’Abraham hostel qui organisait ce genre d’événement. C’est une très bonne solution, ainsi plus aucun vêtement ne reste dans le placard sans être porté", a-t-elle déclaré à i24NEWS.

Une tendance d’avenir

Ayant toujours plus ou moins existé sur la scène de la mode en Israël, dans les années 70 à 90, le seconde main avait principalement une place de choix au Shuk Hapishpishim ou encore au Shuk de Haïfa. Il a peu à peu conquis le cœur des grandes villes et n’est plus désormais uniquement associé à une question financière.

"J’ai toujours su que ce phénomène allait se généraliser, aujourd’hui c’est quelque chose de très courant, il y en a même dans les centres commerciaux. Chaque personne qui aime le style et la mode comprend aujourd’hui que le seconde main fait partie d’une nouvelle manière d’aborder l’habillement. Le recyclage mais aussi les locations d’habits pour des occasions, c’est une mouvance qui se développe rapidement et finira par s’imposer complètement", assure Ophira.

L’organisation internationale des femmes sionistes (Wizo), créée en 1920 par des visionnaires, joue elle aussi un rôle prépondérant dans le domaine du vêtement seconde main en Israël. Avec pas moins de 4 boutiques à Jérusalem, 2 à Tel-Aviv et une à Netanya, la Wizo permet aux Israéliens de se vêtir pour quatre fois moins cher que dans des enseignes classiques, avec des vêtements de qualité.

"A Jérusalem, nous avons une énorme cuve où les gens déposent des affaires qui sont ensuite triées quotidiennement par quatre à cinq bénévoles, les plus belles choses sont vendues dans nos boutiques et le reste à une société au poids. Auparavant, les gens étaient un peu réticents à acheter du seconde main, mais depuis le covid, on constate une réelle augmentation de la fréquentation dans les magasins Wizo. Les prix sont attrayants et c’est une opportunité pour la population d’économiser tout en achetant de très belles pièces", explique Peggy Cohen, présidente de la Wizo francophone à Jérusalem.

En proposant un immense choix et des prix très compétitifs, le seconde main pourrait bel et bien devenir un incontournable d’ici quelques années. Selon les analystes de mode, les ventes de seconde main dans le monde en magasin comme en ligne devraient notamment, d'ici 10 ans, dépasser les ventes du neuf.

Caroline Haïat est journaliste pour le site français d'i24NEWS

Posts les plus consultés de ce blog

Nombre total de pages vues

Les Articles Les Plus Consultés

La journée la plus chaude de l'année : le Magen David Adom appelle à la prudence

  La journée la plus chaude de l'année : le Magen David Adom appelle à la prudence Passer la publicité Les prochaines 24 heures devraient être marquées par une chaleur intense, largement supérieure aux normales saisonnières Israël connaît ce dimanche une vague de chaleur exceptionnelle, avec des températures annoncées comme les plus élevées de l’été. Selon les services météorologiques, les prochaines 24 heures devraient être marquées par une chaleur intense, largement supérieure aux normales saisonnières, touchant la quasi-totalité du pays. Face à cette situation, le Magen David Adom (MDA) appelle la population à la plus grande prudence et à suivre scrupuleusement les consignes de sécurité afin d’éviter les coups de chaleur et autres complications liées aux températures extrêmes. L’organisation a publié plusieurs recommandations pour faire face à cette canicule : éviter toute exposition directe au soleil entre 11 h 00 et 17 h 00, heures les plus chaudes de la journée, boire au moin...

Tsahal envoie 54 000 convocations supplémentaires aux orthodoxes

  Tsahal envoie 54 000 convocations supplémentaires aux orthodoxes Tsahal cible ceux sans exemption pour études religieuses, dans une démarche visant à élargir le recrutement tout en respectant leur mode de vie. L’armée israélienne (Tsahal) a achevé l’envoi de 54 000 convocations supplémentaires pour le premier appel au service militaire aux jeunes ultra-orthodoxes âgés de 17,5 à 28 ans, conformément à ses engagements pour l’année 2024. Ces convocations concernent ceux dont l’exemption pour études religieuses a expiré après l’annulation de la loi correspondante. L’armée israélienne (Tsahal) a achevé l’envoi de 54 000 convocations supplémentaires pour le premier appel au service militaire aux jeunes ultra-orthodoxes âgés de 17,5 à 28 ans, conformément à ses engagements pour l’année 2024. Ces convocations concernent ceux dont l’exemption pour études religieuses a expiré après l’annulation de la loi correspondante. Ce processus s’inscrit dans un débat sensible en Israël sur l’intégrat...

Les lycéens israéliens réalisent un exploit historique aux Olympiades internationales de mathématiques

  Les lycéens israéliens réalisent un exploit historique aux Olympiades internationales de mathématiques Tous les membres de l'équipe israélienne ont remporté une médaille, lui permettant de finir à la sixième place sur 110 nations participantes, le meilleur résultat de son histoire L'équipe israélienne de mathématiques vient de signer la meilleure performance de son histoire aux Olympiades internationales de mathématiques, qui se sont déroulées cette année en Australie. Pour la première fois depuis que le pays participe à cette compétition en 1979, l'ensemble des six participants a décroché une médaille. Le bilan est exceptionnel : quatre médailles d'or, une d'argent et une de bronze. Cette moisson place Israël au 6e rang mondial sur 110 pays participants, face à 639 concurrents venus du monde entier. Il s'agit de la 66e édition de cette prestigieuse compétition créée en 1959. Les médaillés d'or sont Raz Dvora (terminale, lycée de Shalit à Rehovot), Itan Gr...

Sondage : 80% des Israéliens favorables au plan de Trump sur la relocalisation des Gazaouis

  Sondage : 80% des Israéliens favorables au plan de Trump sur la relocalisation des Gazaouis Alors que cette idée était autrefois considérée comme illégitime par de nombreux Israéliens, elle recueille aujourd'hui un large soutien dans la population juive Une large majorité de Juifs israéliens soutient la proposition du président américain Donald Trump de relocaliser la population de Gaza vers d'autres pays, selon une enquête de l'Institut de politique du peuple juif (JPPI) publiée lundi. Ce sondage, dévoilé à la veille de la rencontre entre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et Trump à Washington, indique qu'environ huit Israéliens juifs sur dix approuvent cette initiative. Dans le détail, 43% des Israéliens considèrent le plan de Trump comme "pratique" et estiment qu'il devrait être poursuivi. 30% des Israéliens juifs supplémentaires jugent que le plan n'est "pas pratique, mais souhaitable", signifiant qu'ils soutiennent l'idée...

Israël : Le parc de logements sociaux s'effondre de 22% en dix ans

  Israël : Le parc de logements sociaux s'effondre de 22% en dix ans Promesses non tenues, budgets amputés, parc qui s'évapore : le logement social israélien traverse sa pire crise depuis des décennies. Un nouveau rapport du ministère israélien du Logement révèle une crise alarmante du logement social. En 2024, Israël ne comptait plus que 47 143 logements publics répartis dans 110 localités, soit une chute de 22% par rapport à 2014 et de près de 10% depuis 2020. Cette érosion s'explique principalement par la loi "Ran Cohen", adoptée à la fin des années 90, qui permet aux locataires d'acheter leur logement avec des remises pouvant atteindre 90%. Au cours de la dernière décennie, 15 500 ménages ont acquis leur appartement avec une réduction moyenne de 60% du prix du marché. Si cette mesure visait à améliorer la situation financière des locataires, elle a vidé le parc social sans compensation suffisante. Parallèlement, la demande explose. Environ 4 000 familles a...

ENQUETE - LES TOURISTES ISRAELIENS

  Enquête - Les Israéliens sont-ils les pires touristes du monde? Certains établissements hôteliers pratiquent une politique officieuse de refus des jeunes touristes israéliens Des prix à la tête du client, c'est désormais le lot des touristes israéliens à Dubaï. Et pour cause : l’indiscipline et le manquement aux règles de certains d’eux ont fini par refroidir nombre de prestataires, comme par exemple les loueurs de voiture de luxe. Echaudés par les accidents provoqués par de jeunes Israéliens déjantés, ils décident désormais des tarifs en fonction du passeport. "L’un de mes clients a embouti une Bentley contre un poteau. Il roulait à 150 km/h en pleine ville… », raconte Philippe Sarfati, directeur de l’agence de voyages en ligne Booknow.co.il.  On se souvient pourtant de la campagne du ministère israélien des Affaires étrangères au moment des accords d’Abraham, juste avant la mise en place des premiers vols Tel-Aviv-Dubaï, informant les futurs touristes des bonnes pratiques ...

Protestations des orthodoxes : un millier de manifestants bloquent des axes majeurs en Israël

  Protestations des orthodoxes : un millier de manifestants bloquent des axes majeurs en Israël Passer la publicité Ces protestations, dénonçant la conscription forcée, exacerbent les tensions avec le gouvernement sur le statut des étudiants de yeshiva Environ un millier de membres de la Faction de Jérusalem  ont manifesté à travers Israël, bloquant des routes clés comme l’autoroute 4, l’autoroute 40 à l’échangeur Plagot, la route 3533 et le pont des Cordes à l’entrée de Jérusalem. Des protestations ont également eu lieu à Beit Shemesh, Safed et près de Modiin. Ces actions, déclenchées par l’arrestation de trois déserteurs à Yehud la veille, ont perturbé la circulation aux heures de pointe. Au moins trois manifestants ont été arrêtés pour troubles à l’ordre public. Ces arrestations font suite à une manifestation à Yehud contre la profanation présumée de tombes anciennes sur un chantier. Les trois individus, identifiés comme déserteurs de Tsahal, ont été transférés à la police ...
                                                                 
AUX COURS D'HEBREU MODERNE
                                                                                
AUX COACHING D'HEBREU MODERNE
                                                                          
L'Israël, par Kurlentcy Vil et Émilie Tirrell, groupe 203