Méduses en Israël: poison des baigneurs, délice des scientifiques
C’est par mégarde que les humains sont piqués, ces petits prédateurs piquent pour se nourrir
La saison estivale bat son plein en Israël et, si les hautes températures attirent les vacanciers en bord de mer, elles y poussent également des bancs de créatures gélatineuses, en particulier au mois de juillet au grand dam des baigneurs... les méduses.
D’une taille variant de 20 à 70 cm, les méduses nomades - l’espèce principale en Israël – sont petites et leurs piqûres, sans être dangereuses, sont douloureuses. "Le mois de juillet est effectivement celui où elles abondent le plus", observe le Dr Dor Edelist, écologiste marin au Laboratoire Dror Angel de l'Université de Haïfa. "Mais elles sont omniprésentes au large d’Israël, en moindre quantité néanmoins en avril-mai, et entre les mois d’août et décembre".
Impossible donc d’y échapper. Elles envahissent toutes les plages israéliennes de la mer Méditerranée par dizaines de millions – épargnant toutefois les côtes de la mer Rouge - mais devraient s’éloigner dès le mois prochain. En attendant, un site internet – Meduzot – a été mis à la disposition des aventuriers qui se risqueraient dans l’eau, avec une carte géographique les signalant en temps réel.
Piqué par méprise
Ces animaux marins sans squelette ni cerveau suscitent l'intérêt des scientifiques qui étudient leur parcours depuis le 19e siècle, mais les méduses existent depuis plus d'un demi-milliard d'années. Elles sont partout, hiver comme été, et au contact du moindre corps vivant, elles réagissent immédiatement et piquent violemment sans prendre la peine de préalablement distinguer leur victime.
C’est par mégarde que les humains sont ainsi touchés, tandis que ces prédateurs espèrent piéger des petits crabes ou poissons avant de les dévorer. En cas de piqûre, il faut rincer la plaie à l’eau de mer et appliquer une couche de sable sec qui absorbe le venin. Les symptômes disparaissent en moins d’une heure.
"Nous n’avons pas en Israël d’espèces capables d’entraîner la mort par injection de venin comme il en existe en Australie ou au Japon", souligne la Pr Tamar Lotan de l’École des sciences marines Leon H. Charney de l’Université de Haïfa. "Mais la piqûre de la méduse nomade, sans être dangereuse, n’est pas agréable", précise-t-elle, mettant en garde contre une méduse sans vie qui reste vénéneuse pendant plusieurs semaines.
Impossible pourtant de se débarrasser de ces organismes primitifs, qui passionnent les scientifiques curieux de découvrir leur évolution.
"Nous essayons notamment de comprendre comment se développe un banc de méduses", explique la Pr Lotan, citant un projet mené le long des côtes israéliennes depuis le ciel à bord d’avions légers. "Nous essayons aussi de les observer, voir comment elles nagent ensemble, dans quelle direction, ou s'il existe une relation entre elles", dit la biologiste, ce que nous étudions depuis un bateau placé au-dessus d’un banc.
Les méduses "font partie de l’écosystème et elles y participent", affirme par ailleurs le Dr Edelist. "Elles mangent, elles sont mangées, et elles servent également d’habitat à des petits poissons ou des crabes". "Nous aussi nous les utilisons", ajoute-t-il, "pour rapprocher le public de la mer".
Une étude participative
Le site internet Meduzot, dont le Dr Edelist est le cofondateur avec le Dr Dror Angel et l'Association israélienne d'écologie et des sciences de l'environnement, propose aux participants de rapporter la présence des méduses mais aussi de fournir des détails concernant notamment l'espèce et la taille du spécimen, leur nombre, leur distance du rivage.
Ces informations seront finalement traduites en connaissances vitales, que les gestionnaires d'installations maritimes et diverses organisations pourront utiliser. Ainsi, les baigneurs, les nageurs, les plongeurs, les marins, les pêcheurs, les véliplanchistes, les surfeurs, ou encore les kayakistes apportent des renseignements précieux pour les scientifiques.
Et en retour, "ils apprennent à connaître les méduses, à mieux comprendre la mer et les phénomènes qui la sillonnent", se félicite le Dr Dor Edelist.
source : i24NEWS.